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L'Europe autrement

L'Europe autrement


Il est surprenant, dans le cadre de la crise actuelle dans la zone euro, d'entendre des responsables politiques ou économiques ne proposer que des solutions d'intégration fédérale accrue et donc de centralisation des décisions à l'échelon européen comme solution obligatoire aux problèmes qui se posent.

 

Une telle approche fait fi de la volonté exprimée à maintes reprises par les peuples dans la plupart des pays de l'Union de ne pas voir de transferts massifs de souveraineté au profit de Bruxelles et elle ignore la crise profonde de confiance que manifestent de façon croissante lesdits peuples face à une bureaucratie croissante, perçue comme génératrice de toujours plus de contraintes et de régression plutôt que de progrès et d'amélioration des conditions de vie des citoyens.

 

Ignorant toutes les diversités au sein de l'Union, les institutions européennes – et en premier lieu la Commission et le Parlement – semblent prises d'une frénésie d'uniformiser les règles dans tous les domaines avec une vision égalitariste menant toujours au plus petit dénominateur commun.

 

On justifie cette approche par des questions de taille (démographique) sans laquelle un Etat n'existerait pas sur la scène internationale. Peut-on d'ailleurs nous rappeler à ce propos le nombre d'habitants d'Israël, du Qatar ou de l'Arabie Saoudite avec leur poids dans les affaires du monde ?

 

On veut surtout ignorer la profonde crise de légitimité qui touche aujourd'hui tous les pouvoirs politiques dès lors qu'ils sont perçus comme trop lointains des citoyens. Vouloir établir de force une centralisation fédérale en Europe, c'est précipiter un rejet sans appel de l'ensemble des peuples et ruiner cette belle idée devenue pas à pas réalité depuis environ soixante ans.

 

Pourquoi ne pas oser dire qu'il n'y aura plus de progression significative de l'idée européenne tant que les sphères de compétence n'auront pas été revues en profondeur et que l’on n’aura pas retravaillé sérieusement un concept très en vogue dans les années 90 mais enterré depuis, celui de la subsidiarité ? La relance de l'Europe impose qu'elle ne s'occupe que de l'essentiel, de ce qui ne peut se résoudre au niveau national seul. En revanche, elle doit cesser de vouloir traiter de tous les sujets avec cette même volonté mortifère d'uniformisation. Les Etats d'Europe sont tous différent par la géographie, la démographie et l'histoire. Personne ne voulant d'une unification au prix de l'équivalent d'une guerre de Sécession en Europe, il faut donc accepter de vivre en respectant les diversités.

 

Compte tenu du poids de l'histoire et des intérêts, il est vain d'espérer – et trompeur de proposer –une politique étrangère et de défense commune. Les intérêts sont trop divergents. On peut progresser vers des convergences mais de là à imaginer que Madame Ashton [Première vice-présidente de la Commission européenne, NDLR] ou ses successeurs seront à même d'appliquer une politique étrangère commune, il y a un abîme, celui qui différencie la rêverie utopique de la dure réalité. De même, au plan économique, pourquoi vouloir à tout prix passer tous les pays sous la même toise alors que leurs aspirations de développement et leurs besoins sont différents ? Si on enlève à chacun ses avantages comparatifs, on pousse tous les pays – du plus grand au plus petit – vers une asphyxie accélérée. Il suffit de voir les taux de croissance anémiques dans l'Union depuis vingt ans au regard des autres pays développés…

 

Enfin, sur une note plus nationale, quand nos décideurs accepteront-ils de comprendre le message de ces trente pour cent de vote extrémiste dans notre pays ? Loin d'un vote protestataire, ces gens expriment leur amour de la France et leur désespoir de n'être entendus ni à droite ni à gauche quand ils disent que leur France s'en va, prise entre des revendications communautaires ethniques ou religieuses venues d'ailleurs, la cécité d'une bureaucratie communautaire illégitime et la cupidité éhontée des acteurs de la globalisation financière.

 

Vouloir imposer de force, voire même à la sauvette, des solutions fédérales centralisatrices, c'est précipiter un nombre croissant de citoyens dans les bras des démagogues extrémistes et les pousser à des ruptures brutales.

 

Il ne faut pas gâcher le beau projet européen ! Pour le faire progresser, il faut d'abord réformer l'Union européenne et la relégitimer, de telle sorte que chaque citoyen se sente reconnu pour lui même et comme appartenant à un pays et à une histoire avec une Europe porteuse de progrès et d'espoir !

 

L'Europe ne se fera pas contre les peuples et les nations mais en leur apportant un plus ! C'est un grand défi mais c'est la solution réaliste, la seule qui vaille !

 

 

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