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Quand "ma tante" va trop bien...

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Ils sont de plus en plus nombreux, en cas de coup dur, à devoir déposer un objet en gage pour pouvoir accéder au crédit. Ainsi, en 2011, le nombre d’objets déposés au Crédit Municipal (ancien Mont-de-Piété créé en 1637) a été le plus élevé observé depuis 1970, c’est-à-dire une époque où une partie significative de la population française n’était pas encore « bancarisée ».

 

Entre 2010 et 2011, les dépôts en gage ont augmenté de 53 % en valeur et de 24 % en nombre. Et depuis la crise financière de 2008, le montant des prêts accordés a augmenté de 110 % et leur nombre de près de 50 %.

 

Il n’y a pas lieu de se réjouir quand cet établissement public connaît une telle santé. Car l’activité de prêts sur gage est un remarquable observatoire, concret et éclairant, de la situation financière des Français : les difficultés de la majorité de ceux qui s’adressent au Crédit Municipal sont indissociables de celles qui, à un degré ou à un autre, affectent l’ensemble de la population.

 

Fort heureusement, la plupart des objets déposés sont récupérés par leurs propriétaires : leurs difficultés ne sont pas irréversibles. L’intervention du Crédit Municipal constitue un moyen apparemment efficace d’affronter une crise particulière, pour pouvoir ensuite repartir. Mais depuis 2008, la durée moyenne des dépôts s’est sensiblement accrue, avoisinant aujourd’hui deux ans.

 

Le Crédit Municipal est particulièrement bien placé pour constater la pertinence du rapport 2011-2012 de l’Observatoire national de la Pauvreté et de l’Exclusion sociale (ONPES) selon lequel la France compte de plus en plus de personnes pauvres et précaires depuis le milieu des années 2000, tendance accentuée par la crise économique dont les conséquences sont aujourd’hui « lourdes, multiples et échelonnées dans le temps ».

 

Mais en vendant aux enchères les objets qui ne peuvent être récupérés, le Crédit Municipal rencontre aussi des Français suffisamment à l’aise pour fréquenter les salles de ventes. Et là, on observe que ce n’est pas nécessairement la crise pour tout le monde : se référant à la forte hausse des prix de vente aux enchères observée dans son établissement, le Crédit Municipal constate que, comme le soulignait une étude de l’INSEE publiée le 28 avril 2011, les Français les plus riches ont continué à s’enrichir ces dernières années. Le rapport « fiscalité et redistribution en France » publié le 2 avril 2012 par l’Institut des politiques publiques a d’ailleurs confirmé que, depuis 2002, les réformes fiscales ont bénéficié six fois plus aux plus aisés que la moyenne.

 

Cette situation économique préoccupante a incité le Crédit Municipal de Paris (présidé par le Maire de Paris) à proposer depuis trois ans  des microcrédits personnels aux Franciliens qui ne disposent pas d’objets à mettre en gage et sont en situation trop fragile pour obtenir des prêts à des taux d’intérêt non prohibitifs. Et, depuis début avril, il assure l’accompagnement des Parisiens en plan de surendettement, en partenariat avec la Banque de France, les services sociaux et les associations spécialisées.

 

Mais ces actions, pour utiles qu’elles soient, ne constitueront qu’un palliatif si la politique économique ne favorise pas un développement de l’activité et si elle continue de creuser les inégalités.

 

 

 

Bernard Candiard, Directeur général du Crédit Municipal de Paris

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